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Mourir dans la Dignité, mots creux, mais probablement bons pour se faire une gloire politique — La Révélation d'Arès 34/2.
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24 avril 2008
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Mourir dans la dignité

Revisite d’ un article écrit en 2004, toujours d’actualité.



     


 

 

 

 

 

 

 

Prier pour guérir
Srce : Stock.XCHNG

 

 

 

 

 

 

Prier pour guérir
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Prier pour guérir
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Prier pour guérir
Srce : Stock.XCHNG

En 2004, inspiré par des événements de l’époque,  j’avais écrit pour « Frère de l’Aube » — alors magazine papier — quelque chose sous le titre de « Mourir dans la dignité ». Voici quelques paragraphes de cet article jamais publié :

« Mourir dans la Dignité, mots creux, mais probablement bons pour se faire une gloire politique — La Révélation d'Arès (34/2 et ailleurs) distingue à peine entre quête de pouvoir religieux et quête d'autres pouvoirs — . Voilà qui nous rappelle d'autres mots creux et supposés bons pour la gloire politique, par exemple « principe de précaution » : Quelques centaines de vaches souffraient de fièvre aphteuse (laquelle aurait d'ailleurs guéri spontanément), et tous les paysans de la région étaient sommés d'abattre leurs troupeaux. « Raison de sécurité. »

Même si la « mort dans la dignité » semble une sorte de « principe de précaution » à l'envers, le juridisme autoritairement protecteur de l'un ou de l'autre est aussi frappant.  Les pouvoirs, outre qu'ils exaltent la sécurité et traquent l'insécurité en permanence, légifèrent maintenant sur la dignité et l'indignité. C'est nouveau, mais le progrès, par définition, fait dans le nouveau. Puisque, pour préparer une loi qui requerra désormais la dignité dans la mort, il faut bien commencer par quelque chose, c'est à la mort des malades condamnés que s'essaie le ministre de la santé publique.

Vous vous dites: Quand il ne reste plus qu'à mourir, on ne voit pas la différence entre mourir dans la dignité et mourir dans l'indignité,  ce qui est juste, mais on peut creuser un peu. Je peux par exemple vous dire : Pour comprendre la mort digne considérez son inverse: la mort indigne, à travers un exemple récent. Un tétraplégique incurable, au calvaire de qui sa mère aida à mettre fin, assistée d'un médecin.
Dans le cas de ce paralysé total, que se passa-t-il ? Il fut aidé à se suicider, à mourir d'une façon ou d'une autre, il fut tué, disent même certains. Conclusion à laquelle aurait abouti n'importe qui pendant les millénaires qui ont précédé la loi qui garantira, enfin, à un tétraplégique de « mourir dans la dignité ». En fait, ce que nous dit le projet de loi sur la mort digne nous éclaire déductivement et a contrario sur ce qui se passa « d'inacceptable », à savoir que la mère et son médecin avaient aidé le tétraplégique à en finir, parce qu'ils avaient estimé que le pauvre homme était un mort vivant. Autrement dit, et là se profile l'inacceptable, l'indignité de cette mort aux yeux du législateur, ils avaient osé réfléchir, penser, à ce que la vie est et à ce que la vie n'est plus. Ils avaient osé philosopher — Quand en finira-t-on avec ces gens qui « pensent », se disent les politiques ? —. Dans l'avenir, à dater de l'automne 2004, c'est la loi qui pensera pour vous. La « mort dans la dignité », c'est la mort pensée par le législateur.

Pensée ? Mais ce projet de loi est nébuleux, dit-on — Encore certains qui ne voient pas que dans un état de droit, c'est la loi qu'on considère, pas sa nébulosité —. Bientôt le malade incurable, le mort vivant, mourra sous le regard paternel du législateur nébuleux mais officiel, donc dignement, au lieu de mourir sous le regard de quelque médecin philosophe et/ou de ceux qui, bien qu'ils vous aiment, sont égarés par une métaphysique non-officielle, donc suspecte.

Tout cela ne vous dit pas ce qu'est la mort digne ? Pourquoi, murmurez-vous, ne pas simplement dire : Mourir dans la dignité, c'est mourir dans une chambre blanche au lieu d'une chambre verte ou quelque chose comme ça ? C'est que vous voyez mal la sublimité du projet de loi. Ne voyez-vous pas, lecteurs, qu'à l'instant de faire mourir l'aimé, le seul surgissement de la loi dans votre cour vous détournera comme le sage vous détournerait de l'amour grossier ? Libérer un malheureux d'une vie qui ne lui sert plus à rien, qui est déjà la mort, ne sera pas impossible, mais seulement « dans la dignité », sinon ce sera tuer.
Le distinguo m'échappe, vous échappe, échappera toujours à tout le monde, mais la loi se veut rassurante, elle veut nous dire qu'il n'y a pas là renoncement à votre amour, mais expectation d'un progrès encore immesurable - Pas de progrès sans loi, disent les légistes, qui vendent leur produit comme les fabriquant de yaourt disent qu'il n'y a pas de santé sans yaourt.
Qui ne perçoit dans cette loi en préparation le son d'une mort qui chante en attendant les lendemains qui chantent, car si ce n'est pas encore mourir en bonne santé et dans la joie, et si ce n'est pas encore ne pas mourir du tout, ce qui viendra sûrement grâce à d'autres lois, c'est quand même un bon début - Énorme progrès, dit Monsieur Dupont-Lajoie qui, se sentant soudain poète, dit : « C'est pourquoi je vais faire enquêter pour voir s'il n'y avait pas un brin d'indignité. dans la mort de mon voisin du dessus dont la famille est antipathique. Ah ! mais antipathique, vous n'avez pas idée. De vraies têtes à vous laisser mourir dans l'indignité. » Les procureurs n'ont pas fini de se voir signaler des morts indignes.

Vous ne percevez pas la poésie de la chose ? Reprenons : Il s'agit donc, en permettant de mourir dans la dignité, de défendre jusqu'au bout quoi ? La vie. Ce tétraplégique avait sa vie. On nous a dit qu'il remuait les paupières ou avait un tressaillement de l'œil. Par impatience de voir tout le reste de son corps immobile, on l'a tué. Indigne ! Donc, une loi pour imposer le contraire. Vous êtes mortel ? Oui bon, vous en arriverez tôt ou tard à mourir, mais pas dans l'indignité, c'est interdit ! La loi vous condamnera à vivre jusqu'à ce que, enfin, vous compreniez que seule une mort digne vous est permise, quel que soit le flou qui entoure ce qualificatif « digne ». C'est digne, puisque c'est un droit. Tombez-vous seul(e) chez vous, la poitrine traversée de la douleur, qui peut être atroce, d'une crise cardiaque ? Attendez. Relevez-vous. Téléphonez : « J'ai droit à une mort dans la dignité. Qu'on me l'apporte ! » Faites valoir vos droits.

Mais qu'est-ce que c'est, une mort digne ? Vous suivez mal. Posez-vous des questions pour mieux comprendre (Platon appelait ça dialectique). Par exemple, demandez-vous ce que ce ministre, qui est aussi docteur, aurait fait dans le cas du tétraplégique. Ce pauvre infirme avait sûrement exprimé en quelques tressaillements oculaires qu'il voulait mourir. Oui mais, dans la dignité ou dans l'indignité ? La vibration des pupilles ne peut pas clairement exprimer une pareille nuance. Le docteur débranche-t-il l'appareil respiratoire, et l'infirme meurt dans la minute ? Injecte-t-il quelque chose et l'infirme meurt dans la minute ? La seule chose sûre ici, c'est la minute comme durée de vie restante. Mais la dignité, est-elle sûre ? L'étouffement ? Couper l'unité respiratoire, c'est comme coller un oreiller sur la face du pauvre tétraplégique qui connaît les affres de l'étouffé. Oui, mais, d'après les émissions télévisées, c'est digne (On voit une main miséricordieuse tirer la prise de courant, geste humain). Peut-être des défenseurs fanatiques de la vie (genre anti-avortement) prétendront-ils le contraire, mais si la loi dit que c'est digne, c'est digne. L'injection ? Le tétraplégique s'endort doucement et meurt. C'est indigne, criminel et de plus « inhumain » (?). Oui mais, si le ministre-docteur, qui quelquefois pense peut-être, se demande où est réellement, clairement la dignité dans tout ça ? Le doute l'étreint. Il se dit : Permettre à cet homme de mourir dans la dignité, c'est ne rien faire. Médecine et loi triomphantes. Des lois, même pour ne rien faire, mais des lois. L'État de Droit.

En creusant davantage, on se prend à craindre qu'il n'y ait dans cette loi sur la mort digne quelque chose de bête. Et d'un, elle laisse supposer que des parents ou des médecins choisissent de laisser mourir leurs malades dans l'indignité, et que les mourant eux-mêmes optent parfois pour une mort indigne. Heureusement interdite désormais, oui mais, et de deux (la question revient sans cesse) qu'est-ce qu'est la dignité ou l'indignité de la mort ? Chez les malades condamnés qu'y a-t-il de digne ou d'indigne dans les mille circonstances possibles de la fin ? - Plaignons ceux qui rédigeront le décret d'application de la loi, à moins, comme il est probable qu'ils laissent le décret aussi vague que la loi.
Et que dire de la mort hurlante et agitée du soldat sur le front (mobilisé par le même gouvernement qui a fait la loi sur la mort digne), le ventre criblé de balles ? Crier et se tordre ainsi de douleur - manque de tenue méprisable, les héros des monuments aux morts sont heureusement plus romantiques -, n'est pas digne, même si l'on doit un jour avoir son nom gravé dans le marbre des cimetières militaires.
Et le suicide de l'innocent en prison préventive, qui perd confiance dans la justice de son pays - c'est indigne ! - après qu'il eut cru voir, le pauvre égaré, du mépris glacé dans le regard du juge d'instruction (nommé par le même gouvernement qui a fait la loi sur la mort digne) ? Ne dressons pas la liste, interminable, des morts attribuées à ceux qui légifèrent pour notre bien. Nous osons penser quand même que pour se permettre de dire quelle mort sera digne et laquelle sera indigne, il faut n'avoir aucune part, pas la moindre, dans la mort des citoyens.
Et pour finir, la loi fait l'impasse sur l'essentiel : Qu'est-ce que la mort ? Sans attendre de politiciens qu'ils nous disent si la mort n'est que l'aboutissement d'une usure biologique ou si elle est, comme nous Pèlerins d'Arès le croyons, la conséquence du péché général de l'humanité égoïste, menteuse, violente, on peut exiger qu'ils donnent leur définition de la mort dès lors qu'ils font un distinguo entre digne et indigne, qui suggère qu'il y aurait une mort normale et une mort anormale. Ce qui revient à définir ce qu'est la vie. Notamment, qu'est-ce que la vie dans la dignité et la vie dans l'indignité ? Il y a des vies tellement atroces dans l'indignité qu'on se demande si leur mort jugée indigne par la loi n'est quand même pas préférable, libératrice. On en arrive à se demander si la loi réglant « la mort dans la dignité » ne va pas rendre ces problèmes pires en les rendant encore plus mystérieux ou plus aigus.

Rien de ce que j'écrivis il y a quatre ans n'est à reprendre, moins encore à réfuter.
Cette dame qui a dernièrement demandé à la justice le droit de mourir plutôt que de subir le triple martyre de la torture physique, du défigurement intolérable pour une femme qui fut jolie et de la douleur morale de savoir qu'il n'y a médicalement aucune issue et que sa vie est finie, cette dame donc aurait dû normalement bénéficier de la loi dont je parlais quatre ans plus tôt. Elle n'en a pas bénéficié, simplement parce qu'aucune loi ne peut déterminer quand un être humain a droit ou n'a pas droit à la mort digne et, j'ajoute, droit à la mort libre.
Selon Albert Camus le seul réel problème philosophique est le suicide. Autrement dit, faut-il ou ne faut-il pas vivre ? C'est en effet un grand problème, d'ailleurs bien plus spirituel que philosophique. Ce n'est pas le sujet ici. Il ne s'agit pas ici de décider d'arrêter de vivre dans la chair pour arrêter de vivre dans la chair, sujet que nous aborderons un jour, mais de sauter l'antichambre très douloureuse d'une mort très proche et inéluctable de la chair.

Michel Potay dit Frère Michel
témoin de La Révélation d’Arès, fondateur naturel des Pèlerins d’Arès



 
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