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Voici le slogan, bien dans
l’air du temps, qu’afficha dans tout l’hexagone un groupe français de
téléphonie mobile sur ses panneaux publicitaires entre septembre 2003 et mars
2004 : « Communiquons
plus ! ». De la communication, oui, mais
pour quoi faire ? Pour dire quoi ? Échanger
quoi ?
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Une technologie en plein essor. |
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Des propos utiles et
enrichissants, des renseignements nécessaires, des appels au secours, des mots
de réconfort et d’amour ? Sûrement. Mais aussi combien de bavardages, de futilités,
de bêtises, de racontars, de tromperies, de calomnies, de disputes, de
ruptures, de mensonges, de menaces ?
Combien de bienfaits et de
combien de torts faits, chaque jour, entre usagers du téléphone ? À
l’exemple de l’État qui, au nom de notre sécurité, met sur écoute qui il veut
quand il veut, une grande société de téléphonie, au nom de la statistique de
communication, écoute sûrement les conversations téléphoniques de sa clientèle
et les classe par catégories. Ce ne serait pas violer la vie privée que de
publier des statistiques générales anonymes. Serait-ce, par contre, porter la
population à « communiquer moins » ou seulement « …un peu
moins » et à faire baisser le chiffre global des factures et de la
TVA ? D’où le silence des statisticiens ? Oui, mais, si les gens
hésitaient à « communiquer »en découvrant la proportion de mal dont
ils sont capables par téléphone, beaucoup involontairement, l’initiative ne
serait vraiment pas inutile. Bof ! diront certains, ce serait tout aussi inutile
que de publier les chiffres des vols, des divorces, des femmes battues, des
enfants martyrs, des escroqueries, des faillites, etc. en espérant les réduire.
Nous tendons quand même à penser que quelque chose de bénéfique, peut-être pas
grand chose, une tendance, s’amorcerait. De grands changements historiques ont
ainsi commencé par de tout petits infléchissements du mal.
Et puis, rêvons un peu d’une
société de téléphonie mobile, équipée des plus puissants moyens de
communication, qui lancerait au public : « Communiquons plus… pour
créer entre nous un monde de sagesse, de paix, de partage, de
bonheur ! »
Un tel slogan, qui n’évoque que
le bien, à la différence de la statistique qui évoque aussi le mal
téléphonique, ne serait pas commercialement négatif. Dans une société où
bavasser, critiquer, râler, dire du mal, mentir, donne au ventre d’une multitude un pincement de plaisir — une des causes du phénoménal succès du téléphone
mobile —, que tous croiront légitime et normal tant qu’on ne les aidera pas à
s’apercevoir du contraire, il y a une secrète aspiration au bien. Autrement, le
Créateur n’aurait pas lancé La Révélation d’Arès. Celle-ci, de
toute façon, ne demande pas l’impossible : Un petit reste d’hommes
et de femmes (26/1, etc.) changeant leurs vies en bien et travaillant à changer
le monde (30/11, 27/7), suffira à communiquer à toute l’humanité le bonheur
auquel elle aspire.
Ainsi communiquer veut-il dire
donner, prodiguer, apporter… autant que parler. Parmi les raisons de lui seul
connues, pour lesquelles le Père revint en 1974 et 1977 à Arès appeler les
hommes, figure probablement l’essor extraordinaire du téléphone, comme moyen
d’apporter l’espérance par dessus les grands media qui contrôlent la pensée.
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Bien utilisés, les outils de communication moderne, dont le téléphone mobile est le plus libre, parce qu'il contourne le pouvoir, les contrôles, les maîtres à penser, permettraient de préparer l'avenir que la Parole d'Arès préconise.
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Ces propos, anodins ou non,
banals ou importants, qu'on s'échange entre deux autobus ou deux trains
forment-ils une part importante de la vie sociale ? Répondent-ils, jusque
dans les transports, à un besoin impérieux de proximité ? Dépéririons-nous
sans cette communication quasi constante avec nos proches, nos amis, nos
collègues, en roulant, en pédalant, en marchant ?
S'agit-il d’allonger ses heures
de loisirs en prenant sur les heures de trajet et de travail le temps de parler
de tout et de rien ? S’agit-il de se décharger sur d’autres, lointains, de
ses problèmes et de ses angoisses ? De se psychanalyser en quelque sorte?
Y a-t-il derrière tous ces bavardages par téléphone une inquiétude, jamais
vraiment identifiée, mais qui serait due à un vide spirituel ? Le besoin d’amour
du prochain, si étroitement relié au spirituel. Des questions
fondamentales, sous-jacentes aux soucis de tous les instants comme : Où
allons-nous ? Ou plus fondamentales encore : Où allons-nous jusqu’à
la mort… Et pourquoi la mort ? Questions qu’amène tôt ou tard un fait
silencieux mais permanent : les décès qui ont lieu tout autour de nous,
chaque jour.
Quelle part de sa recette
commerciale le groupe de téléphonie mobile, cité au tout début, tire-t-il de la
psychologie des profondeurs, de la fraternité réelle, de l’inquiétude
métaphysique, qui parfois préoccupe l’humain au téléphone, même le plus
fruste ? Tout individu, son mobile à l’oreille, à un moment ou à un autre,
se relie aux sources, aux causes profondes, à l'Éden dont parle la Genèse
(Bible), même sans les citer ou les connaître, parce que l’actualité ou un
événement de sa vie le renvoie à la nostalgie profonde de ces choses
immémoriales, dont le téléphone commercial sans le savoir tire profit, comme le
fait la religion. De mobile en mobile passe, répété des milliards de fois,
l’aveu généralement inconscient que l’homme se doute de ses origines et que sa
recherche du bonheur passera tôt ou tard par le monde changé (28/7) — Éden retrouvé —, dont parle La Révélation d'Arès.
La surinformation,
malheureusement, est bien souvent désinformation. Ce mal, le téléphone à fil en
était déjà largement responsable. Avec la surmultiplication du téléphone
mobile, ce mal atteint des proportions alarmantes. Il faut l’exorciser. Quand
l'accroissement des moyens de communication répondra-t-il à une nécessité
d'échange doux et mesuré (Révélation d’Arès 25/9), enrichissant,
solidaire, marqué par l'amour du prochain ? Bien utilisés, les
outils de communication moderne, dont le téléphone mobile est le plus libre, parce qu’il contourne le pouvoir, les contrôles, les maîtres à penser,
permettraient de préparer l’avenir que la Parole d’Arès préconise : Une
humanité qui s’en remettrait à sa conscience et à sa vertu, sans chefs, sans lois, créatrice naturelle, permanente, de Bien. Une humanité
qui « du conflit de la diversité passerait à l’harmonie des familles
d’affinités, » dit le frère Michel, témoin de la Parole d’Arès.
Le retour au bonheur initial,
auquel appelle le Père, n’est pas retour aux temps primitifs ou moyenâgeux. Il
est parfaitement légitime pour l’homme de chercher dans les nouvelles
technologies des issues à sa quête de bonheur et de liberté absolue (Révélation
d’Arès 10/10). Il lui faut seulement déjouer les intentions de ceux qui, en
lui vendant de la téléphonie, lui vendent du rêve pour mieux l’endormir, font
du slogan « Communiquons plus ! » le maître mot d´une époque où
la clientèle est systématiquement réduite et soumise à ses faiblesses. Or,
l’homme a besoin d’un téléphone qui lui permette de communiquer sa force et
d’en recevoir, besoin d’une communication digne de ce mot. Les aspirations
généreuses des consommateurs de forfait sont pour le moment détournées par la
flatterie de chaque société de téléphonie qui tend à faire croire que
communiquer fait de l’usager du téléphone mobile un être unique, supérieur, le plus
séduisant, le plus futé, le plus prompt à saisir les grandes opportunités.
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La peur de la solitude comparable à celle de la mort explique sans doute aussi ce besoin d'être relié, de communiquer, pour sentir dans l'interlocuteur comme un autre créateur et en être comme recréé.
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Encore une fois méditons sur changer, parce que changer ne peut aller sans échanger, sans communiquer donc,
impliquant le téléphone, entre autres media, comme véhicule nécessaire des
idées qui font passer l’homme du péché à son contraire : le Bien
—. Le monde ne changera pas sans apostolat, et l’apôtre est par
excellence le communicateur du Bien.
Si pour changer sa vie
(Révélation d’Arès 30/11) et le monde (28/7) en bien, il suffisait
de changer de maison, de voiture (l’étalon), de hi-fi (musiciens),
comme le propose le tentateur (Révélation d’Arès, 26/4), qui n’est autre
que cette facilité dont la publicité est l’une des expressions. Ou s’il suffisait
de changer, plus simplement encore, de téléphone en changeant de mobile à
chaque évolution technologique, l’humanité accèderait au bonheur à très peu ou
à relativement peu de frais. L’argent et les moyens matériels sont plus faciles
à produire que l’effort d’être bon.
Communiquer le goût de cet
effort-là ! Devenir bon demande constance et lucidité, lutte perpétuelle
contre le mal, que nous sommes tous tentés de faire, ne serait-ce qu’en restant
médiocre. Être médiocre n’est pas seulement indigne de ton humanité, frère,
cela conduit souvent au mal. D’un puits — le b’her de La Révélation
d’Arès (XXVI/7) —, des eaux variées peuvent sortir, délicieuses ou amères,
guérisseuses ou empoisonnées. De la communication sort, de même, le médiocre,
le meilleur ou le pire. De plus, tout puits doit être un projet collectif, tout
le monde y puise et y boit. Voilà pourquoi la communication, le téléphone entre
autres, ne peut pas être l’outil commercial de quelques-uns. La communication
doit être un bien public placé, comme une source, sous la sauvegarde de
tous, sinon dans sa technologie, au moins dans sa philosophie que reflète la
publicité. Que « Communiquons plus ! » soit suivi de la liste
des bonnes choses à communiquer pour que le monde devienne bon.
L’usage du mobile est devenu
plus qu’immodéré, frénétique. Ce flot de mots qui passe par le mobile, comment
l’appeler autrement que bruit (Révélation d’Arès, de II/7 à XLVII/2 :
quelque 33 références) ? La parole humaine découle de la Parole du Père de l’Univers (12/4), mais l’homme l’a oublié. Son verbiage est
devenu la parole-bruit, qui sous son vacarme a presque entièrement
recouvert la parole-intelligence (32/5). Inconsciemment, cependant,
l’homme ressent ce déséquilibre. Il en résulte un sentiment angoissant de vide
ou de solitude. La solitude, l’absence physique de l’autre, est aussi l’indice
d’un manque d’âme, d’un vide spirituel par conséquent, puisque l’âme naît et se nourrit de la vie spirituelle — et non l’inverse, qu’enseigne la
religion —. La peur de la solitude comparable à celle de la mort explique sans
doute aussi ce besoin d’être relié, de communiquer, pour sentir dans
l’interlocuteur comme un autre créateur et en être comme recréé. Celui ou celle
qui vous parle, en somme, vous fait exister. Qui ne sait qu’un simple bonjour
peut réchauffer le cœur, s’il est dit avec amour, ou être un automatisme vide
de sens ou même de présence, s’il est « robotisé ».
Des guerres et des divorces
auraient pu être évités, si les antagonistes avaient pu mieux s’exprimer. Qu'y
a-t-il de honteux ou de dommageable à parler de sa misère ou de son
idéal ? Nous les partageons tous. Le pardon n’est-il pas
quelquefois un préalable nécessaires avant toute possibilité de
communication ? Communiquons plus et communiquons mieux pour retrouver ce
qui fait de chacun de nous comme de l'autre, l’interlocuteur, un être
spécifique, unique. Chacun n’a-t-il pas son propre univers à offrir ?
Frère José
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